La récente alerte de l’INRA, et la saisine de l’ANSES, concernant les dangers avérés du dioxyde de titane sur les rats m’ont interpellé et poussé à regarder si les aliments de smartfood contiennent ou pas des nanoparticules.

Il faut savoir que les nanoparticules sont tellement fines qu’elles peuvent franchir les barrières habituelles du corps humain (intestin, paroi cellulaire,…), et s’accumuler ensuite dans des organes ou tissus où elles n’ont normalement rien à faire. Peuvent s’ensuivre alors des altérations du système immunitaire ou des lésions pré-cancéreuses. Une substance qui n’est pas toxique en particules classiques, ou microparticules, peut donc le devenir quand elle est sous la forme de nanoparticules.

Je me suis donc penché sur les étiquettes des produits dont j’ai parlé récemment, et j’en ai localisé quatre : Queal et Smeal avec le dioxyde de silicium (E551), StonerShake avec le silicate alumino-sodique (E554) et OneGum avec le fameux dioxyde de titane (E171). Bien sûr, quand la substance a été utilisée comme auxiliaire technologique (pour aider lors des étapes de fabrication de l’ingrédient, ou pour accompagner un autre additif), il peut en subsister des traces, parfois conséquentes, mais le fabricant n’est pas tenu de les mentionner… Bref.

Ces additifs sont utilisés comme anti-agglomérant, pour éviter que la poudre fasse des grumeaux, ou comme agent de transport pour un autre ingrédient (huile ou sel), tandis que le dioxyde de titane est utilisé comme colorant et opacifiant blanc.

J’ai donc contacté les quatre fabricants mentionnés ci-dessus, pour recueillir leur avis sur ces ingrédients, et tous m’ont très obligeamment répondu. Merci à eux, c’est une réactivité qui les honore, et caractéristique des nouveaux acteurs de la nutrition qui émergent ces derniers mois.

La position de Queal sur le dioxyde de silicium

Onno Smits, CEO de Queal en charge de la nutrition nous confirme bien utiliser le dioxyde de silicium sous forme de nanoparticules. Il ne voit « aucune raison de changer d’agent anti-agglomérant, car c’est un additif officiellement autorisé, très efficace, et 100 % sans danger pour la santé. » Interrogé sur la nécessité d’un tel agent dans sa poudre, Onno Smits répond que oui, « Queal a besoin d’un anti-agglomérant, sans ça, il y a effectivement des grumeaux ou des bulles. »

La position de Queal se comprend. En effet, dans une attitude scientifique, il convient de s’inquiéter uniquement quand une dangerosité est prouvée et reconnue par consensus scientifique, pas avant par simple ignorance. Faut-il le rappeler, c’est aux peureux de prouver la dangerosité d’un produit, et pas à ses promoteurs de prouver sa non-dangerosité – prouver l’inexistence de quelque chose étant une erreur logique.

La position de Smeal sur le dioxyde de silicium

Smeal, après avoir rappelé que le dioxyde de silicium n’est que du sable très finement broyé, « utilisé depuis longtemps dans l’alimentaire sans étude prouvant sa dangerosité » reconnaît qu’il y a des nanoparticules dans celui qu’il utilise. Prenant les devants sur d’éventuels risques intrinsèquement liés à l’aspect nanoparticules plus qu’au silicium lui-même (inoffensif et éliminé par les voies naturelles), le fabricant annonce « travailler sur une formule qui nous permettra de nous en passer tout en conservant fluidité et simplicité de préparation ». Cette nouvelle recette est attendue pour la mi-2017.

[EDIT : Smeal rajoute également que le dioxyde de silicium entre en fait dans la composition de l’huile de soja en poudre qu’ils utilisent. Et oui, il n’y a pas de secret, pour transporter de l’huile en poudre, il faut soit emprisonner les gouttes d’huile dans des « coquilles » de silice, soit les agglutiner autour de grains de maltodextrine.]

Cette position est, à mon avis, la bonne ; dans une volonté d’épure, tout ce qui n’est pas indispensable et n’apporte rien nutritivement doit être le plus possible retiré. Beaucoup de poudres n’utilisent aucun anti-agglomérant : Huel, Joylent, Trinkkost, Bertrand ou Vitaline, et leur présentation et miscibilité sont parfaites aussi. C’est la plupart du temps la maltodextrine qui est choisie pour transporter l’huile. D’autres font le choix, comme Vitaline ou Mana, de laisser l’utilisateur rajouter lui-même son huile liquide. Silice, maltodextrine ou rajout soi-même : tout est affaire de choix et de compromis.

La position de StonerShake sur le silicate alumino-sodique

StonerShake nous a répondu, par la voix de Mirdad, son responsable à la recette, que sa poudre « n’avait aucun besoin d’anti-agglomérant, que c’était un composant inutile, et que les grumeaux ne changeraient pas s’il n’était pas là » – sans précision sur la forme nanoparticule ou non. Cette mention ne figure dans la liste des ingrédients que parce que le silicate alumino-sodique « arrive avec l’ingrédient sel iodé. » – il y a 0,5 g de sel iodé par paquet de 500 g. Il est donc fort probable qu’il ne soit, au final, qu’un auxiliaire technologique et en quantité infime, et que, juridiquement, il n’aurait même pas été besoin de le mentionner dans la liste. D’ailleurs, le fabricant annonce que la future itération de sa recette ne comportera pas du tout de silicate alumino-sodique.

La position de OneGum sur le dioxyde de titane

Le dioxyde de titane est en voie d’abandon, puisque Verquin Confiseur, Lutti, Système U ont déjà annoncé ne plus l’utiliser. Mais il reste encore abondamment utilisé dans les chewing-gums, comme dans ceux de OneGum. Contactée, la start-up française nous a assurés être au courant du rapport de l’INRA et « suivre le sujet de près ». Elle va « contacter son fabricant, pour envisager comment remplacer, à l’avenir, ce composant. » À titre personnel, et si c’est au prix de la présence de dioxyde de titane, la couleur blanche ne m’intéresse pas, mais alors pas du tout ! La valeur marketing de l’absence de dioxyde de titane me semble nettement supérieure à un aspect vaguement blanchi de la dragée. Je l’espère d’autant plus que je ne peux plus me passer de ce petit shoot de caféine que me procurent ces chewing-gums OneGum…

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